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L' actualités du Rail
13 mars 2017

La LGV Limoges - Poitiers déterrer par François Hollande

LGV

 

Brive. Le projet avait été enterré par le Conseil d’État en avril. Le président de la République a annoncé ce week-end sa volonté de le relancer.

 De notre rédaction de Poitiers

 Plus personne n'y croyait depuis l'annulation du décret d'utilité publique par le Conseil d'État, en avril. Pas même ses partisans les plus farouches.
En visite à Poitiers (Vienne), cet été, le président de la communauté d'agglomération de Limoges et dernier président de l'ex-Région Limousin, Gérard Vandenbroucke, interprétait le silence du gouvernement sur ses intentions comme un aveu de renoncement. Après des années d'études et de controverses, il n'y aurait donc jamais de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges.

Et puis, abracadabra ! Comme par magie, le président de la République a ressorti le dossier de son chapeau, samedi après-midi, lors d'un énième déplacement officiel dans son fief de Corrèze.

" Nous prémunir contre une nouvelle annulation "

 « Nous allons faire en sorte de pouvoir nous prémunir contre une nouvelle annulation s'il doit y avoir une nouvelle déclaration d'utilité publique. Parce que sinon, ça voudrait dire qu'on repartirait pour longtemps et qu'on aurait ce mirage de la LGV, a déclaré François Hollande. Donc le ministre des Transports a ouvert une consultation et va nommer très rapidement une autorité pour remettre l'ensemble du sujet au clair pour que nous puissions présenter une solution. Parce que c'est vrai que la desserte ferroviaire est essentielle. » Pas question pour autant de renoncer aux travaux programmés sur la ligne actuelle entre Paris et Toulouse.
 « Il faut avoir cette desserte mais il faut aussi que nous ne perdions pas l'idée de la LGV et que nous puissions y travailler », a insisté le chef de l'État qui répond au passage aux arguments mis en avant par le Conseil d'État :« Nous allons essayer d'en tenir compte… Mais si on fait une infrastructure, ce n'est pas tant pour qu'elle soit rentable, précisément. C'est aussi parce qu'elle obéit à une logique d'aménagement du territoire. Donc, nous allons reprendre ce sujet ».
Le président qui était interrogé par le maire LR de Brive-la-Gaillarde n'a en revanche pas dit un mot des moyens financiers à mobiliser. Alors que le coût du chantier est estimé entre 1,6 et 2,4 milliards d'euros, le Conseil d'État avait pourtant mis en avant l'absence « d'information précise relative au mode de financement » pour motiver l'annulation du décret d'utilité publique.

à chaud

> Nicolas Bourmeyster, président du collectif Non à la LGV Poitiers-Limoges : " C'est reparti pour vingt-cinq ans ! ". En avril, après l'annulation du décret d'utilité publique par le Conseil d'État, il se félicitait de la « victoire du pot de terre contre le pot de fer ». Il pensait pouvoir reprendre une vie normale après huit années de combat. « Notre action visait à faire réviser les plans d'urbanisme puisque le projet, même annulé, pollue toujours les documents administratifs ; c'est une absurdité incroyable », s'agace-t-il. C'est dire si les déclarations de François Hollande ont fait l'effet d'une douche froide, samedi soir. « C'est une façon de prendre les gens pour des imbéciles. S'ils modifient le dossier, il faudra une nouvelle enquête publique et c'est reparti pour vingt-cinq ans. Ça veut dire que les riverains qui subissent la menace depuis treize ans vont en reprendre pour vingt-cinq ans. Ils vont vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête dont chacun sait qu'elle ne tombera jamais », estime Nicolas Bourmeyster. « La déclaration du président est purement électoraliste. Il veut s'assurer du soutien du Limousin en faisant une annonce qu'il est incapable de tenir puisque le problème du financement rester entier. Or, il ne dit pas qu'il va mettre de l'argent sur la table. » L'opposant fait par ailleurs remarquer que le projet ne peut pas être revu à la baisse puisqu'il est déjà prévu sur une seule voie. Il rappelle aussi que le secrétaire d'État aux Transports a annoncé la semaine dernière devant le Sénat que SNCF Réseau ne financerait plus de lignes nouvelles pour concentrer ses moyens sur la « régénération » du réseau ferroviaire existant.

> Jean-Claude Sandrier, président de l'association Urgence Ligne Polt qui défend la modernisation de la ligne Paris-Toulouse : " Après la présidentielle, tout cela va retomber ". L'annonce de François Hollande ne surprend même pas Jean-Claude Sandrier. « C'était presque évident à la veille des élections présidentielles, analyse-t-il, un rien désabusé. A chaque fois qu'il y a un enjeu électoral, ce projet refait surface : lors des élections régionales de décembre dernier, le Premier ministre avait signé le décret de la Dup. C'est le énième épisode concernant ce projet. Après l'élection présidentielle, tout cela va retomber. Je ne prononcerai même pas d'adjectif ou de jugement là-dessus. » 
En revanche, il veut bien que François Hollande remette « l'ensemble du sujet au clair » (lire ci-dessus) : « Il verrait alors que ce projet est trop coûteux et pas rentable. Il verrait également qu'il existe une solution plus efficace, moins coûteuse, et plus cohérente pour faire venir la grande vitesse : celle de l'interconnexion de la ligne Polt à la future ligne Pocl (1). » 
Il y a quinze jours, l'association Urgence Ligne Polt tenait son assemblée générale à Châteauroux, en présence des élus des quatre régions traversées par cette radiale. L'assemblée s'était à nouveau félicitée de l'abandon du projet de la LGV Limoges-Poitiers. Un projet redouté par les départements traversés par le Polt (l'Indre, notamment) qui craignent que cette grande vitesse vers Poitiers ne désertifie leur ligne historique.

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